Johanna Marcadé (coordonné par)

Stripovi. Bande dessinée indépendante et contemporaine en Serbie et Croatie

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Vous ne connaissez pas la bande dessinée serbo-croate ? L’heure d’une bonne séance de rattrapage est arrivée. Johanna Marcadé a rassemblé dans l’album Stripovi le meilleur des créations indépendantes serbe et croate : Aleksandar Zograf, Igor Hofbauer, Lazar Bodroža, Wostok et bien d’autres. Des planches de toute beauté, une histoire de la bande dessinée indépendante en Yougoslavie, des analyses, des interviews... Un ouvrage qui fera date.

Extraits de la préface de Johanna Marcadé

Stripovi

Pourquoi consacrer un livre à la Bande dessinée en Serbie et en Croatie ? Le projet initial était de faire connaître la Bande dessinée serbe. Très rapidement, j’ai constaté qu’il était impossible de dissocier la production de ces deux pays.

En effet les auteurs serbes et croates ne sont pas seulement proches géographiquement et historiquement, ils ont développé les mêmes circuits de diffusion et sont le plus souvent publiés ensemble. Ils l’ont été dans un premier temps et le sont toujours par le magazine slovène Stripburger, puis surtout par Komikaze, le fanzine croate. Depuis un an, la collection Studiostrip de la maison d’édition serbe Fabrika Knjiga développe la première collection ambitieuse de bande dessinée indépendante de la région.

La bande dessinée serbe et croate n’est pas inconnue en France. Stripburger, dont les publications concernent essentiellement les auteurs des Balkans, et qui avait gagné le prix du fanzine au festival d’Angoulême en 2001, a déjà publié la plupart de ces auteurs sur papier ou en ligne. On découvre aussi depuis quelque temps le magazine croate Komikaze en France, dont la présence à Angoulême en 2008 a été remarquée : Willem l’a commenté de façon enthousiaste dans sa chronique Images. L’auteur le plus célèbre, Aleksandar Zograf, originaire de Pancevo (Serbie), est traduit et publié par l’Association depuis les années 1990.

La plupart des auteurs de ces pays sont très investis dans leur travail artistique, même si la Bande dessinée n’y est pas encore tout à fait reconnue comme un Art.

Planche d’Igor Hofbauer

Un des aspects les plus remarquables de cette activité en Serbie et en Croatie est la multiplicité et la diversité des ateliers collectifs de bande dessinée, du plus organisé au plus improvisé. Là encore les serbes et les croates s’invitent mutuellement. Certains lieux, sous l’impulsion et l’intelligence de leur organisateur s’ouvrent à la bande dessinée : ainsi le Centre culturel de la cité étudiante à Belgrade et la galerie Elektrika à Pancevo (Serbie), ou encore Rojc, une ancienne caserne devenue un lieu culturel actif à Pula (Croatie).

Deux américaines, une suédoise et une française figurent dans les auteurs publiés dans ce livre. L’explication est simple : nous sommes venues toutes les quatre en Serbie ou en Croatie dans le cadre de nos études artistiques ou linguistiques respectives, et avons toutes commencé à faire de la bande dessinée, enthousiasmées par la spontanéité avec laquelle s’improvisaient des work-shops, et par la qualité du travail des auteurs que nous y avons rencontrés.

Lisa Mangum a écrit une très belle thèse sur la bande dessinée en Serbie, Anna Ehrlemark et Katie Woznicki sont devenues des auteurs à part entière, et j’ai eu l’idée de faire ce livre.

Ce recueil s’ouvre sur l’aventure éditoriale de la bande dessinée en Yougoslavie (puis dans les deux pays qui nous intéressent) et ses nombreux rebondissements qui accompagnent l’Histoire de la région.

Il propose ensuite un tour d’horizon des thématiques actuelles traitées par
les auteurs serbes et croates : la science-fiction, le sexe, l’enfance, les légendes locales et le pouvoir. Il est aussi question des ateliers de bande dessinée collective.

Pour permettre aux lecteurs de percevoir l’atmosphère dans laquelle naît
cette production, les bandes dessinées sont accompagnées au cœur de chaque thématique par un texte qui témoigne toujours de l’implication totale de son auteur.

S’il y a donc, comme j’espère que cet ouvrage le manifeste, une approche très collective dans la Bande dessinée de cette région, elle se retrouve et s’élargit dans ce livre qui réunit, autour d’un projet commun, des serbes, des croates, des français, des américaines, une suédoise et un allemand. Des auteurs, mais aussi des traducteurs et des organismes comme le Courrier des Balkans, les éditions La Chienne, le festival Lille 3000...

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Ce livre a été publié avec le soutien de Lille 3000, de la ville de Lille et de la ville de Saint-Etienne.