Maria Todorova

Imaginaire des Balkans

|

Bulgare vivant aux États-Unis Maria Todorova livre une analyse fine des différentes représentations des Balkans avant 1914 jusque dans les années 1990. Jamais encore traduit en français, ce « chef-d’oeuvre » (Pierre Hassner, in Critique internationale) est un livre sur l’identité européenne.

Le spectre des Balkans hante la culture occidentale. Inséparable de l’Europe, cette région occupe la position inquiétante d’un entre-deux, ni Orient ni Occident, qui fait d’elle le barbare de l’intérieur. S’appuyant sur de multiples récits de voyages, oeuvres littéraires, écrits journalistiques et travaux historiques, Maria Todorova explore à travers les siècles les fonctions du balkanisme, si vivace dans l’imaginaire occidental. Elle analyse cette image négative et figée à travers le regard de l’observateur et celui de l’observé, sans négliger les réalités objectives sur lesquelles elle se fonde, ni les intérêts politiques qu’elle sert. Derrière la diversité culturelle et le nationalisme affirmés, Todorova met au jour ce qui fait l’unité des Balkans : l’héritage ottoman.

L’éclatement de la Yougoslavie dans les années 1990 et l’élargissement vers l’Est de l’Union européenne ont ranimé ces clichés, rendant urgente une réflexion d’envergure sur les Balkans et, au-delà, sur la question de la construction de l’autre. Imaginaire des Balkans répond à ces impératifs, à la fois politiques et scientifiques, s’inscrivant notamment dans un dialogue critique avec Edward Said. Traduit dans de nombreuses langues, cet ouvrage est devenu une référence, présentée ici dans une nouvelle édition récemment actualisée par l’auteur.

Dans la presse :
« Un spectre hante la culture occidentale, le spectre des Balkans. » Ainsi commence cet ouvrage de référence sur cette partie du monde, enfin traduit en français. Maria Todorova, historienne bulgare enseignant aux États-Unis, a forgé un concept, celui de « balkanisme », qu’elle place dans la lignée de l’orientalisme d’Edward Saïd. Analysant les récits de voyage publiés depuis plusieurs siècles, les reportages des journalistes contemporains et les analyses des « experts », elle montre comment s’est forgée une image qui tient lieu de grille interprétative quasiment unique : les Balkans en sont venus à figurer l’« Autre », sombre et négatif, d’une Europe occidentale toujours sûre de son ancrage « naturel » dans le camp de la démocratie et de la civilisation. Alors que des responsables politiques de haut rang ont souvent appelé à « débalkaniser » les Balkans, Todorova plaide pour une « déprovincialisation » de l’Europe occidentale qui saurait enfin comprendre la pluralité des processus historiques à l’œuvre sur notre continent. (Jean-Arnault Dérens in Le Monde Diplomatique)

Sommaire
Préface à l’édition française
Préface
Introduction – Balkanisme et orientalisme sont-ils de même nature ?
Chapitre 1 – Les Balkans : Nomen
Chapitre 2 – Le nom « Balkans » comme désignation de soi
Chapitre 3 – La découverte des Balkans
Chapitre 4 – La perception des Balkans jusqu’en 1900
Chapitre 5 – De la découverte à l’invention, de l’invention à la classification
Chapitre 6 – Entre classification et politique : les Balkans et le mythe de l’Europe centrale
Chapitre 7 – Les Balkans : Realia. Qu’est-ce qu’il y a, hors le texte ?
Conclusion
Postface à l’édition révisée