Prijedor (Bosnie-Herzégovine)

Le génocide de Prijedor vingt ans après

| Du au

Du 30 avril au 21 août
Comité Bosnie Mir Sada
9, rue Despeignes 69008 Lyon

Le génocide de Prijedor vingt ans après : sur les traces des derniers camps de concentration en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale

Le conflit bosnien, qui a coûté la vie à environ 100.000 personnes entre 1992 et 1995, est souvent connu en France par deux tragédies : le génocide de Srebrenica et le siège de Sarajevo. La région de Prijedor, située au nord de la Bosnie, est moins connue des médias, et pourtant, elle fut le théâtre d’évènements qui ont définitivement inscrit cette guerre dans l’horreur... villages vidés, incendiés, populations déportées, internées, camps de torture et d’internement... Les images de Fikret Alic et de ses compagnons affamés derrière les barbelés du camp de Trnopolje ont soulevé l’indignation dans toute l’Europe. Mais depuis, le silence a recouvert le sang. Nombre de familles de cette région ont trouvé refuge en Alsace, en Auvergne, en Franche-Comté et en Rhône- Alpes. D’autres sont revenues d’exil, et luttent chaque jour pour chasser leurs peurs et faire renaître la confiance perdue.

20 ans après, sur les 8 000 corps portés encore disparus aujourd’hui, 1200 sont de la commune de Prijedor.

Pendant le conflit les forces serbes avaient créé trois camps de concentration dans la municipalité de Prijedor [1] dans lesquels plus de 30 000 personnes ont subi les pires atrocités que l’Europe ait connues depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Malgré ce constat affligeant 20 ans après rien n’indique que ces lieux, en apparence paisibles, ont été le théâtre d’abominables actes de torture et autres traitements cruels, inhumains et dégradants qualifiés par les juridictions internationales de crime contre l’humanité. Plusieurs survivants de ces camps ont reconstruit leur vie, gardant au fond d’eux des secrets lourds et imperceptibles. L’Etat bosnien, morcelé entre la Fédération et l’entité de la Republika-Srpska qui mène une politique ancrée dans le nationalisme serbe exacerbé et prônant le « négationnisme », ne leur verse aucune indemnité et ne leur accorde aucun statut particulier.

Souhaitant rendre hommage aux milliers de victimes civiles de cette région, huit associations, basées dans la municipalité de Prijedor et luttant pour que justice soit faite afin de bâtir un meilleur avenir pour les générations futures, ont décidé de s’unir pour créer un événement à portée internationale et rompre le silence sur le lourd passé de leur ville, Prijedor.

La commémoration du 20ème anniversaire du début du conflit se déroulera selon un programme riche de nombreuses manifestations de natures diverses : culturelle, associative ou encore informative dans la municipalité de Prijedor. Ces manifestations seront également reliées par des événements organisés dans les pays dans lesquels la diaspora bosniaque est importante, tels que les Etats-Unis, l’Allemagne, la Finlande ou les Pays-Bas. Les commémorations débuteront le 30 avril et se finiront le 21 août 2012 [2]. Sont prévues, entre autres, la visite des trois camps, la mise en place de tribunes animées, l’organisation de conférences sur des thèmes liés au conflit, des expositions photos, des projections de documentaires, une marche pour la paix et une conférence internationale à laquelle sont conviés les journalistes de tous horizons et toutes les personnes sensibles à ces événements.

Cette commémoration est soutenue en France par l’association lyonnaise, Comité Bosnie Mir Sada. Le Comité Bosnie Mir Sada a des liens profonds avec la région de Prijedor depuis le début du conflit Certaines personnes de cette région ont contribué à la création de l’association en 1993-1994. Par ailleurs, Mir Sada soutient le travail de recherche des disparus et encourage les personnes physiques et morales qui luttent pour la justice dans cette région. En donnant une visibilité aux victimes du conflit des années 92/95, la commémoration du 20ème anniversaire prend sa place dans le lent processus d’apaisement des personnes, et la reconstruction du tissu inter-communautaire.

Pour toutes informations supplémentaires ou encore obtenir des témoignages de survivants des camps n’hésitez pas à contacter le Comité Bosnie Mir Sada par voie électronique à l’adresse email suivante : Mirela Marošlić, mirela.mirsada@hotmail.fr ou au 00 387 62 945 470

Notes

[1Trnopolje, une école transformée en camp de concentration, par les forces Serbes de Bosnie, de mai à décembre 1992. Dans ce camp ont été détenus plus de 25 000 citoyens de Prijedor, à majorité bosniaque, et principalement des personnes âgées, des femmes, des enfants, des handicapés et quelques hommes.

Keraterm, ancienne usine de céramique reconvertie en camp de détention de mai à août 1992, par lequel sont passés plus de 3 000 prisonniers et dont 300 ont été tués ou sont encore portés disparus.

Omarska, un complexe minier, converti en camp de concentration de mai à août 1992, plus de 5 000 personnes ont y été détenues, à grande majorité des hommes de confession musulmane. Les autorités serbes détenaient les prisonniers dans plus plusieurs bâtiments : le bâtiment administratif, a servi pour les interrogatoires et les meurtres ; le hangar ; la « maison blanche » où les détenus étaient torturés et une cour cimentée située entre les bâtiments et appelée la « pista » dans laquelle étaient disposés les cadavres de plus de 600 personnes.

[2Trois périodes cibles :

Du 22 au 26 mai : cours d’histoire, tribunes, expositions et projection de documentaires dans la vallée de la Sana et à Kozarac, visite du cimetières.

Le 26 mai : date de commémoration du camp Trnopolje. Du 20 au 25 juillet : l’inhumation des corps identifiés cette année et commémoration des massacres des bosno-croates du village de Brisevo, Ljubija.

24 juillet : commémoration camp de Keraterm.

Du 04 au 06 aout : conférence internationale, camps de jeunes des pays de l’ex Yougoslavie, marche jusqu’au camp de Omarska, festival de film documentaire sur les Droits de l’Homme, à Trnopolje, animations dans la cour de l’école (ex camp).

06 aout : commémoration camp de Omarska