Paris (75004)

Ensemble Hasbihâl et Gülcan Kaya au Théâtre de la Ville

| Le

Musiques du monde au Théâtre de la Ville
2 pl. du Chatelet Paris 4e
samedi 13 janvier à 17 heures
Prix : 17 euros.

Gülcan Kaya
Kemal Kaplan, Naci Düzel baglama
Kenan Elmas mey, kaval, zurna Özcan Gök bendir et davul

Gülcan Kaya revient, au Théâtre de la Ville cette fois ; quatre musiciens l’escortent. Elle chante de cette voix de miel qui charme l’oreille et l’âme. Sa couleur singulière la distingue de celle de ses consœurs. C’est une voix qui s’orne, à l’occasion, du frémissement d’un vibrato. Dans sa manière de chanter, Gülcan Kaya est fidèle à cette tradition dans laquelle elle a baigné toute sa jeunesse. Interprète subtile, elle poursuit le cycle de la transmission d’un répertoire de chansons (turkü), souvent anonymes, recueillies dans les différentes régions d’Anatolie. Une large palette de chants d’amour et de chansons empreintes de nostalgie. Troubadour et poète mystique du xiiie siècle, Yunus Emre n’écrivait-il pas :

« Donne ta lumière bien aimé
L’amour est comme le soleil
Celui qui n’a pas d’amour
Est semblable à une pierre. »

Ces chants du patrimoine traditionnel sont portés par une variété de mélodies et de rythmes qu’anime un même sentiment, celui de la noblesse de l’être humain.
la musique sacrée des Alevi-Bektashi.

Gülcan Kaya sera précédée par l’Ensemble Hasbihâl. Il interprète la musique sacrée des Alevi-Bektashi. Ceux-ci adhérent à des survivances du shamanisme turc venu, jadis, d’Asie centrale. Ils se reconnaissent aussi des tendances chiites et affirment une filiation avec l’ordre derviche bektasi :

« Cherche et trouve.
Éduque les femmes.
Même si on te blesse, ne blesse pas [...]
Le premier stade de l’accomplissement est la modestie.
Qu’importe ce que tu cherches, cherche en toi-même.
Maîtrise tes mains, tes paroles et tes désirs... »

Tels sont quelques-uns des préceptes qu’enseigne la sagesse prônée par Haci Bektas, au xiiie siècle ! Elle compte aujourd’hui encore une foule d’adeptes rassemblés dans l’ordre soufi des Bektasi.

Ensemble Hasbihâl
Ulas Ozdemir, Huseyin Albayrak, Emre Gültekin, Derti Divani baglama et voix

L’Ensemble Hasbihâl porte un nom - parler, communiquer, effacer la peine - qui résume sa démarche. Il réunit Derti Divani, troubadour et maître spirituel respecté, et les musiciens-chanteurs traditionnels Ulas Özdemir, Hüseyin Albayrak et Emre Gültekin.

Tous puisent dans le répertoire de ces troubadours et poètes mystiques qui, au fil des siècles, perpétuent la tradition des « tekké », les temples des derviches. Parmi ceux-ci, aimés et admirés de nos jours encore, on citera Yunus Emre (XIIIe siècle), Nesimi (XIVe) Pir Sultan Abdal, Hata’i et Genç Abdal ( XVIe), Kul Himmet et Kul Huseyin (XVIIe)...

Ce répertoire, sacré, comprend chants d’amour mystique (« deyis »), hymnes célébrant les douze imams (« duvâzdeh imâm »), et l’expérience mystique (« nefes »), lamentations en mémoire du martyr de l’imam Huseyn à Kerbela (« mersiye »), chants en l’honneur de l’ascension du Prophète Mohamed aux cieux (« miraclama »), danse rituelle accompagnée par le luth traditionnel et la poésie chantée (« sema »). Les quatre musiciens jouent baglama et saz anciens, des instruments sacrés.

Chacun chante dans son propre style tandis que les autres l’accompagnent. Quatre voix, comme retenues, qui privilégient le registre de la douceur. Un chant de l’âme partagé avec chaque spectateur car « chaque créature est le reflet du Créateur ». Une communion spirituelle.