Paris (75020)

Cigdem Aslan en concert / Mortissa

| Le

En concert dans le cadre du Festival « Au fil des voix »
au Studio de l’Ermitage
8 rue de l’Ermitage - 75020 Paris
Toutes les infos sur le site du festival

Çiğdem Aslan (prononcé Chidem) est une étoile montante du renouveau du Rébétiko, reprenant les chansons douces-amères et insouciantes de l’exil des années 1920 des populations émigrées les plus démunies, chantées dans les gargotes de haschisch et tavernes ‘Café Aman’ d’Athènes, du Pirée ou d’Istanbul. Avec des racines solidement amarrées dans le port de Smyrne à Izmir, le Rébétiko est une culture partagée par les Grecs et les Turcs, qui s’est développée en Grèce continentale en suivant les échanges forcés de parties de la population des deux pays. Il fut proscrit dans les deux pays pour sa proximité avec la pègre et son côté trop oriental.

’Mortissa’ (qui signifie « femme forte et indépendante ») est un album de Smyrneika Rébétiko (nom donné en référence au port de Smyrne aux chansons traditionnelles du cabaret grec) en langue grec et en turque avec des racines musicales d’Anatolie. Ce « Blues de La Mer Egée » est apparu dans la turbulence des années 1920. Le Rébétiko fut alors interdit par les autorités grecques et turques car jugé comme une musique socialement dégénérative. Parallèlement aux chansons d’amour, une chanson rend hommage au hors-la-loi Mehmet Efe (genre Robin des Bois), une autre est un cri lancé par une femme pour échapper à son voile. Un autre titre parle de « poireaux », euphémisme pour haschisch, et sur le titre “Sto Kafe Aman” la mortissa invite ses prétendants à aller se faire voir. C’est la musique de la scène alternative, de la scène underground ; la musique des gens épris de liberté - tout à fait appropriée à la période actuelle.
L’année 2013, ce n’est pas la première fois que la belle ville d’Istanbul est en proie à des troubles, comme un diamant maudit. Plein de sens pour ceux qui en ont fait l’expérience, le fait que la chanteuse Cigdem Aslan, née de parents Kurdes alévi à Sisli, non loin de Taksim Square, le point focal des manifestations pro-démocratiques , s’est sentie concernée et très impliquée, même à distance, n’est pas une surprise. En 1955, des émeutes orchestrées par l’Etat avaient décimé la population grecque d’Istanbul. Avant ces événements, le mouvement des républicains turcs et la guerre de libération avaient déjà forcé les Grecs à quitter le reste de l’Anatolie.

Bien qu’il y’ait eu de nombreux enregistrements de Rébétiko au fil des ans, Çiğdem Aslan a une approche fraiche du genre, étant elle-même une immigrée de sa patrie, issue d’une minorité ethnique, une chanteuse dans un genre musical d’ordinaire plutôt masculin. Mais par-dessus tout, elle apporte sa propre personnalité et une voix qui raisonne profondément, le type de voix qui permet de révéler la richesse et la pertinence de ce « blues de la Mer Egée » à de nouveaux publics.

Elle a d’abord pris ses marques en tant que chanteuse lead dans le groupe primé « She’koyokh Klezmer Ensemble » avec lequel elle récolta des louanges pour sa manière « claire et naturelle » de chanter (Songlines Magazine) et « sa passion qui va droit au cœur » (fRoots Magazine). Plus récemment elle est aussi montée sur scène à Londres au Royal Albert Hall en première partie de la diva turque Sezen Aksu ainsi qu’avec Yasmin Levy au Cadogan Hall. Mortissa, le premier album de Çiğdem a été sélectionné parmi les albums de l’année 2013 par Songlines Magazine et nominé comme Meilleur album par les critiques de f Roots Magazine.
Sebastian Merrick.