Antoine Sidoti a consacré un livre important et surprenant à un épisode que l’on croyait bien connu, celui de l’occupation du Monténégro par l’Italie durant la Seconde Guerre mondiale. Certes, l’aventure de l’éphémère Empire mussolinien est fortement négligée par l’historiographie française, mais les travaux italiens et yougoslavie ont depuis longtemps fait le point des connaissances sur ce sujet.
En utilisant des sources nouvelles, notamment héraldiques, philatéliques et littéraires, en exploitant systématiquement les sources italiennes (depuis les mémoires du comte Ciano jusqu’à de nombreuses collections d’archives), Antoine Sidoti parvient à apporter des éclairages nouveaux et essentiels.
Le livre se décompose en deux parties, respectivement consacrées au « Governatorato » du Monténégro et à la « Provincia di Cattaro » (Kotor). Antoine Sidoti consacre de nombreux développements à la difficile définition des frontières entre les différents territoires occupés : comment les Italiens purent-ils, en effet, concilier les aspirations des nationalistes albanais et croates avec le souci du roi et de son épouse, la reine Elena de Savoie-Petrovic, fille du dernier roi du Monténégro, de maintenir une entité monténégrine ?
Antoine Sidoti entend prendre en compte tous les enjeux culturels et symboliques pour travailler à une véritable remise à plat des mythes nationaux monténégrins. De ce point de vue, on reste parfois un peu sur sa faim à propos de la formation des unités vertes (« zelenasi »), et de leurs relations tant avec les partisans communistes qu’avec les tchétniks. De ce point de vue, on relira avec intérêt les mémoires de Bosko Tomasevic [1].
Antoine Sidoti entend poursuivre son travail de relecture des mythes, et annonce la parution prochaine d’un ouvrage consacré à ces mouvements tchétniks et partisans.
