Le retour des chemins de pèlerinage oubliés en Macédoine et au Kosovo

Le retour des chemins de pèlerinage oubliés en Macédoine et au Kosovo

Il y a des sentiers que le temps semblait avoir effacés. Des traces de pas disparues sous les ronces, des pierres sculptées recouvertes de mousse, des chapelles abandonnées à flanc de colline. Pourtant, au cœur des Balkans, entre les montagnes sauvages de la Macédoine du Nord et les vallées silencieuses du Kosovo, d’anciens chemins de pèlerinage refont surface. Et avec eux, des histoires, des croyances, des espoirs.

Des routes sacrées englouties par l’Histoire

Pendant des siècles, ces chemins reliaient monastères, ermitages et villages reculés. Ils guidaient les pèlerins vers des lieux saints, souvent perchés à plus de 1000 mètres d’altitude, au prix de longues marches à travers forêts et plateaux.

Mais les conflits, l’oubli et l’exode rural ont fini par les faire disparaître des cartes. « Mon grand-père parlait d’un sentier qui menait aux grottes de Saint-Gabriel, mais personne ne savait où il passait exactement », raconte Arben, un habitant de Prizren, au Kosovo.

Aujourd’hui, ces itinéraires refont parler d’eux. Non pas comme simples randonnées touristiques, mais comme des voies de mémoire et de spiritualité.

Une redécouverte portée par les habitants

Tout a commencé par des témoignages. Des anciens qui se souvenaient d’un arbre creux où l’on déposait des offrandes. D’une source considérée comme miraculeuse. D’un rocher sculpté en forme de croix.

À Ljuboten, au nord de Skopje, un groupe de bénévoles a entrepris de cartographier un ancien chemin vers le monastère de Saint-Nicolas, abandonné depuis les années 1940. « On a trouvé des morceaux de mosaïque, des restes de murs, et même un vieux banc en pierre sur lequel les pèlerins s’arrêtaient », explique Elena, historienne locale.

Ces initiatives citoyennes se multiplient. À Pejë, dans l’ouest du Kosovo, une association a rouvert un sentier de 12 kilomètres menant à l’ermitage de la Colline Bleue, un lieu vénéré autrefois par les chrétiens et les musulmans.

Des lieux où les croyances se croisent

L’un des aspects les plus fascinants de ces chemins retrouvés, c’est la manière dont ils mêlent les traditions religieuses. Ici, un sanctuaire orthodoxe. Là, un arbre sacré vénéré par les soufis. Plus loin, une stèle préchrétienne gravée de symboles solaires.

« Ces lieux n’étaient pas exclusifs à une seule foi », souligne le professeur Driton Mehmeti, spécialiste des religions balkaniques. « Ils étaient partagés, traversés, réinterprétés. Les pèlerins venaient chercher la guérison, la paix, ou simplement un signe. »

Dans le village de Letnicë, en Macédoine du Nord, une église catholique attire encore chaque année des centaines de fidèles albanais musulmans, venus honorer la Vierge Marie. Une tradition qui remonte à l’époque ottomane.

Ce syncrétisme, longtemps ignoré, est aujourd’hui mis en lumière par la redécouverte de ces chemins. Il raconte une autre histoire des Balkans, faite de ponts plutôt que de murs.

Une marche lente dans un monde pressé

À l’heure du numérique et des déplacements instantanés, ces pèlerinages offrent une expérience radicalement différente. Il faut marcher. Ressentir. S’arrêter. Écouter le vent dans les arbres, le silence des pierres.

« J’ai mis trois jours pour atteindre le monastère de Sveti Joakim Osogovski », raconte Marta, une randonneuse polonaise. « Je n’étais pas croyante, mais en arrivant, j’ai pleuré. Ce n’était pas de la foi. C’était autre chose. »

Le tourisme spirituel est en plein essor. Selon une étude de l’université de Ljubljana, les visites de lieux de pèlerinage dans les Balkans ont augmenté de 28 % entre 2018 et 2023. Mais ici, loin des foules de Compostelle, l’expérience reste intime, presque secrète.

Les hébergements sont rares. Les indications parfois absentes. Il faut souvent demander son chemin à un berger, ou suivre les traces laissées par les chèvres.

Des enjeux politiques et identitaires

La redécouverte de ces chemins ne va pas sans tensions. Car dans cette région marquée par les conflits récents, la mémoire est un terrain sensible.

En Macédoine du Nord, certains itinéraires traversent des zones où les identités ethniques sont encore très marquées. Au Kosovo, des églises orthodoxes serbes restaurées attirent à la fois des pèlerins et des controverses.

« Il faut éviter que ces chemins deviennent des instruments de revendications nationales ou religieuses », alerte Ana Petrović, anthropologue. « Leur force, c’est justement d’avoir été partagés. »

Des projets transfrontaliers tentent de préserver cet esprit. Le programme “Via Dinarica”, soutenu par l’Union européenne, travaille à connecter les anciens sentiers de pèlerinage de plusieurs pays balkaniques, au-delà des frontières politiques.

Une mémoire vivante qui revient par les pieds

Plus qu’un simple retour à la tradition, ces chemins racontent un besoin profond : celui de se reconnecter. À la terre. Aux autres. À quelque chose de plus grand que soi.

Chaque pas sur ces sentiers effacés est un acte de résilience. Une manière de dire que l’histoire ne s’écrit pas seulement dans les livres, mais aussi dans les pierres, les arbres, les silences.

Et si ces chemins oubliés, en réapparaissant, nous montraient une autre direction ? Une manière de marcher ensemble, malgré les blessures du passé ?

Ici, les pas d’hier guident ceux d’aujourd’hui. Mais vers où nous mènent-ils vraiment ?

L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

7 commentaires sur “Le retour des chemins de pèlerinage oubliés en Macédoine et au Kosovo

  1. Ces chemins retrouvés nous rappellent l’importance des liens humains et la beauté de la solidarité à travers les croyances partagées. Une belle redécouverte.

  2. Ces chemins oubliés sont comme des vieilles clés. Ils ouvrent des portes vers des histoires qu’on avait oubliées. Ça donne envie d’enfiler des chaussures de randonnée.

  3. Fevza, cet article sublime remet en lumière des richesses oubliées. Quelle belle façon de redécouvrir l’histoire à travers nos pas !

  4. C’est beau tout ça, mais je me demande si ces chemins ne sont pas juste un rêve. Qui s’en soucie encore vraiment ?

  5. Fevza, votre article réveille un écho de reverence pour nos chemins oubliés. Merci de faire briller la lumière sur nos racines spirituelles.

  6. C’est fascinant de voir comment ces anciens chemins reconnectent les âmes et les histoires. La mémoire collective reprend vie, un pas à la fois.

  7. C’est incroyable de redécouvrir ces chemins. Ils portent des histoires et des espoirs. Marcher ici, c’est revivre un passé qui nous connecte.

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