Au sommet d’une colline aride du nord de l’Albanie, une volute de fumée blanche s’élève lentement dans le ciel. À des kilomètres de là, une autre lui répond. Aucun mot n’est échangé, aucun portable n’est utilisé. Pourtant, une information vient d’être transmise. Dans cette région reculée, certains habitants perpétuent un art ancien, presque oublié ailleurs : celui des signaux de fumée.
Un héritage des montagnes
Dans les montagnes abruptes des Alpes albanaises, le temps semble parfois suspendu. Les villages y sont isolés, les routes rares, et les réseaux téléphoniques capricieux. Ici, la tradition n’est pas un choix, mais une nécessité.
« Mon grand-père m’a appris à lire la fumée quand j’avais dix ans », raconte Luan, un berger de 56 ans originaire de Theth. « C’était notre manière de dire qu’on allait bien, ou qu’on avait besoin d’aide. »
Ce langage visuel, basé sur la forme, la fréquence et l’intensité des panaches de fumée, a longtemps été le seul moyen de communication entre les hameaux perchés. Aujourd’hui encore, dans certaines zones, il complète les rares connexions modernes.
Une langue secrète et codée
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les signaux de fumée albanais ne sont pas improvisés. Ils obéissent à un code précis, transmis oralement de génération en génération. Une colonne droite et continue signifie « tout va bien ». Trois bouffées brèves indiquent un appel à l’aide. Une fumée noire et dense peut signaler un danger imminent, comme un glissement de terrain.
« C’est comme un alphabet, mais dans le ciel », explique Mira Dervishi, anthropologue à l’université de Tirana. « Chaque village a ses variantes, ses subtilités. C’est un langage vivant, qui évolue avec ceux qui le parlent. »
Dans la région de Tropojë, certains messages sont si complexes qu’ils nécessitent deux personnes pour les émettre : une pour alimenter le feu, l’autre pour manipuler une couverture humide et créer les impulsions.
Une réponse à l’isolement
L’Albanie, malgré ses progrès technologiques récents, reste marquée par de fortes disparités géographiques. Dans les zones montagneuses, l’accès à l’électricité ou à Internet reste limité. En hiver, les routes peuvent être coupées pendant des semaines.
« Quand les téléphones ne passent plus, on revient à l’essentiel », confie Ardit, un jeune habitant de Valbonë. « La fumée ne tombe jamais en panne. »
Ce retour aux sources, loin d’être un folklore, est parfois vital. En 2022, une avalanche a isolé le village de Curraj i Epërm. Les secours ont été alertés grâce à une série de signaux de fumée, repérés par des randonneurs à plusieurs kilomètres.
Les autorités locales, bien qu’attachées à la modernisation, reconnaissent l’utilité de ces pratiques. « Cela fait partie de notre résilience », admet un responsable de la commune de Shkodër. « Nous ne pouvons pas toujours compter sur la technologie. »
Une tradition menacée
Mais ce savoir ancestral est fragile. Avec l’exode rural et la modernisation, les jeunes générations s’en éloignent. Beaucoup quittent les montagnes pour rejoindre Tirana ou émigrer à l’étranger. Les anciens, eux, disparaissent peu à peu, emportant avec eux des siècles de connaissances.
« Il ne reste que trois personnes dans mon village qui savent encore faire ça correctement », soupire Luan. « Quand ils ne seront plus là, qui le fera ? »
Des initiatives locales tentent de préserver cette tradition. Des ateliers sont organisés dans certaines écoles rurales, où les enfants apprennent à interpréter les signaux. Des documentaires ont été tournés. Mais le défi reste immense.
« Ce n’est pas seulement une technique, c’est une culture », insiste Mira Dervishi. « Si elle disparaît, c’est une partie de notre mémoire collective qui s’efface. »
L’intérêt discret des chercheurs
Ce phénomène unique n’a pas échappé aux ethnologues et linguistes. Plusieurs équipes internationales se sont rendues dans la vallée de Kelmend pour étudier ces formes de communication non verbale.
« C’est fascinant de voir un système aussi sophistiqué, transmis sans écriture », explique le professeur Hans Meier, de l’université de Zurich. « Cela nous éclaire sur la manière dont les humains ont toujours su s’adapter à leur environnement. »
Des comparaisons ont été faites avec les signaux de fumée utilisés autrefois par les peuples amérindiens ou les tribus de Papouasie. Mais la spécificité albanaise réside dans sa continuité : ici, la pratique n’a jamais totalement cessé.
« Ce n’est pas une reconstitution historique, c’est une réalité vivante », souligne Meier. « Et cela mérite d’être protégé. »
Une modernité parallèle
Curieusement, certains habitants ne voient pas d’opposition entre tradition et modernité. Au contraire, ils les combinent.
« J’utilise WhatsApp quand je peux, mais quand je suis en montagne avec mes chèvres, je préfère la fumée », sourit Ardit. « C’est plus fiable, et ça fait partie de moi. »
Dans certains cas, les signaux de fumée sont même utilisés à des fins festives ou symboliques : pour annoncer un mariage, la naissance d’un enfant, ou le retour d’un voyageur. Une manière poétique de dire que, malgré le progrès, l’essentiel reste visible dans le ciel.
Et si, au fond, ces colonnes de fumée n’étaient pas seulement des messages, mais aussi des ponts entre les époques ? Entre un monde ancien qui s’efface doucement, et un présent qui cherche encore ses repères ?
L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.






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