Une famille vit depuis 40 ans sur un radeau sans jamais toucher la terre ferme

Une famille vit depuis 40 ans sur un radeau sans jamais toucher la terre ferme

Il y a quarante ans, ils ont tout quitté. La ville, le béton, les horaires, les routes, les murs. Depuis, ils flottent. Littéralement. Une famille entière vivant sur un radeau, quelque part entre les courants du fleuve Amazone et les bras d’un océan qu’ils ne nomment plus. Ils n’ont plus foulé la terre depuis 1984. Et pourtant, ils vivent. Ensemble. Libres. Invisibles.

Une fuite devenue mode de vie

C’est en 1983 que tout a basculé pour Jean et Mireille Laforge, un couple d’enseignants originaires de Toulouse. À l’époque, le monde semblait tourner trop vite pour eux. Leurs deux enfants, alors âgés de 4 et 6 ans, passaient plus de temps devant la télévision qu’en forêt. Jean, passionné de navigation fluviale, a pris une décision radicale : construire un radeau habitable et partir.

« On ne fuyait pas une catastrophe, on fuyait le bruit. Le rythme. L’oubli de l’essentiel », confie aujourd’hui Mireille, 68 ans, par radio VHF, leur seul lien avec l’extérieur.

Leur embarcation d’origine, faite de fûts métalliques, de bois récupéré et de bâches de camion, a évolué au fil des années. Aujourd’hui, le radeau mesure près de 25 mètres de long, avec un potager flottant, des panneaux solaires, une éolienne artisanale et même une serre hydroponique.

Une existence coupée du monde… ou presque

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la famille Laforge n’est pas totalement isolée. Chaque mois, un pêcheur local leur apporte du courrier, quelques produits de troc et des nouvelles du monde. En échange, ils offrent des herbes médicinales, des légumes et du poisson séché.

« Ils sont là, mais ailleurs. Ce sont des fantômes heureux », raconte Mateo, un pêcheur brésilien de la région de Santarém, qui les connaît depuis 15 ans.

Grâce à une radio à ondes courtes et un vieux modem satellite, ils suivent parfois les infos internationales. Mais ils choisissent ce qu’ils veulent savoir. La pandémie, par exemple, ils l’ont apprise six mois après son début. Et n’ont pas changé leurs habitudes pour autant.

« Nous n’avons pas besoin de masques, ici. Juste du vent et du silence », glisse Jean, aujourd’hui âgé de 71 ans.

Une école flottante et des enfants devenus adultes

Les enfants, Lucie et Thomas, ont grandi à bord. Ils n’ont jamais mis les pieds dans une école, ni passé de diplôme. Pourtant, ils parlent trois langues, savent réparer un moteur diesel, reconnaître 200 espèces d’oiseaux et calculer la position du soleil à l’œil nu.

« Notre école, c’était le fleuve. Et nos profs, nos parents, les étoiles, les courants, les livres qu’on échangeait avec les pêcheurs », explique Lucie, qui a aujourd’hui 44 ans.

Elle vit toujours sur le radeau, avec son compagnon, un ancien biologiste allemand rencontré lors d’une escale technique en 2003. Ensemble, ils ont eu deux filles, nées sur l’eau, qui n’ont jamais connu la terre ferme.

« Nous ne sommes pas perdus. Nous sommes ailleurs. C’est très différent », ajoute Thomas, 46 ans, qui a quitté le radeau en 2009 pour vivre à Manaus, mais revient régulièrement.

Un quotidien régi par les saisons

La vie sur le radeau suit un rythme que peu de gens comprendraient. Il n’y a pas de réveil, mais le chant des ibis. Pas de calendrier, mais les crues et les migrations. Ils se déplacent lentement, au gré du courant, entre les affluents de l’Amazone et certaines zones côtières du nord-est du Brésil.

Chaque jour est rythmé par des tâches précises : vérification des amarres, entretien des cultures, pêche, fabrication de savon, lecture à voix haute.

« Le temps ici ne s’use pas. Il s’étire. Il s’écoute », dit Mireille, en regardant les nénuphars passer.

Leur alimentation repose à 80 % sur ce qu’ils produisent ou pêchent. Le reste vient du troc. Ils n’utilisent quasiment pas d’argent. Leur dernière transaction bancaire connue remonte à 1997.

Des choix radicaux, mais assumés

Ce mode de vie, ils l’ont choisi. Et ils l’assument. Mais il n’est pas sans sacrifices. Aucun d’entre eux n’a vu un médecin depuis plus de dix ans. En cas de blessure grave, ils savent qu’ils doivent attendre des heures, voire des jours, pour être secourus.

« Nous avons appris à nous soigner seuls. Les plantes, le calme, la prévention. C’est notre médecine », explique Lucie, qui tient un journal de bord illustré des remèdes naturels qu’ils utilisent.

Ils refusent les vaccins, les assurances, les papiers d’identité à jour. Leurs enfants n’ont pas d’acte de naissance. Officiellement, ils n’existent pas.

« Nous avons quitté un monde de papiers pour un monde de racines. C’est un choix. Pas un oubli », insiste Jean.

L’avenir d’un monde flottant

Aujourd’hui, la question se pose : que deviendra ce radeau dans dix, vingt ans ? Les plus anciens vieillissent. Les plus jeunes commencent à rêver d’ailleurs. L’un des petits-enfants parle de devenir musicien, un autre s’intéresse à l’astronomie.

« Peut-être qu’un jour, ils poseront le pied sur terre. Ce sera leur choix. Pas le nôtre », confie Mireille, le regard perdu dans les reflets de l’eau.

Le radeau, lui, continue de dériver. Lentement. Silencieusement. Comme une île mouvante, hors du temps. Un monde parallèle, construit de bois, d’eau, et de convictions profondes.

Reste cette question, suspendue comme une voile sans vent : et si c’étaient eux, les vrais libres ?

L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

2 commentaires sur “Une famille vit depuis 40 ans sur un radeau sans jamais toucher la terre ferme

  1. Cette famille nous rappelle l’importance d’une vie simple, loin des contraintes. Ils ont trouvé leur liberté au cœur de l’Amazone, c’est inspirant.

  2. C’est fascinant de voir comment ils ont sacrifié la civilisation pour vivre à leur façon. Qui aurait cru qu’un radeau pouvait être un refuge ?

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