La gastronomie serbe est une véritable explosion de saveurs, mêlant des influences balkaniques, ottomanes et austro-hongroises. Riche en viandes grillées, en fromages savoureux et en plats mijotés, elle fait la fierté du pays. Mais avec la montée du véganisme en Serbie, la cuisine traditionnelle se retrouve face à un défi de taille : comment concilier un héritage culinaire ancré dans la viande et les produits laitiers avec une alimentation sans produits d’origine animale ?
Une cuisine serbe ancrée dans la tradition
La cuisine traditionnelle serbe repose sur des plats généreux et réconfortants où la viande tient une place centrale. Le ćevapi, ces petits rouleaux de viande hachée servis avec du pain somun et de l’ajvar, est un incontournable des repas serbes. De même, le pljeskavica, souvent comparé à un hamburger, est une spécialité prisée des amateurs de grillades.
Les repas en Serbie sont souvent synonymes de convivialité, et il est impensable de se retrouver autour d’une table sans une assiette bien garnie de kajmak (une crème épaisse à base de lait), de pršuta (jambon fumé) ou encore de sarma, ces choux farcis à la viande. La gastronomie serbe est donc profondément liée à la consommation de produits d’origine animale, ce qui rend l’adoption du régime végan plus complexe pour certains.
Un mouvement végan en pleine expansion
Si la Serbie est fière de sa cuisine traditionnelle, elle n’échappe pas à l’essor du véganisme. De plus en plus de restaurants proposent des alternatives végétales aux plats emblématiques du pays. À Belgrade, des établissements comme « Radost Fina Kuhinjica » ou « Veganza » revisitent les classiques en version 100 % végétale. On y trouve des ćevapi végans, des pljeskavica sans viande et même des versions végétaliennes du fameux gibanica, ce feuilleté au fromage si apprécié.
Les jeunes générations, plus sensibles aux questions environnementales et éthiques, adoptent de plus en plus ce mode de vie. Les réseaux sociaux jouent également un rôle clé dans cette transition, avec des influenceurs et des chefs partageant des recettes véganes inspirées de la cuisine serbe.
Des alternatives végétales aux plats traditionnels
Adapter les recettes serbes au régime végan est un défi, mais pas impossible. Le kajmak végan, par exemple, peut être préparé à base de noix de cajou ou de tofu soyeux pour retrouver cette texture crémeuse tant appréciée. Le ćevapi végétalien se réalise avec des protéines de pois ou de soja, tandis que le sarma végan remplace la viande par du riz, des champignons et des épices.
Même les desserts traditionnels trouvent des alternatives sans produits laitiers ni œufs. Le baklava végan utilise du sirop d’érable ou du sucre de coco pour caraméliser les noix, et le koh (gâteau de semoule) se décline en version végétalienne grâce au lait d’amande ou de soja.
L’évolution de la gastronomie serbe face au véganisme montre que tradition et modernité ne sont pas forcément incompatibles.
Une offre végane qui séduit de plus en plus
De nombreux restaurants en Serbie ont compris l’importance de proposer des plats véganes pour répondre à une demande croissante. À Belgrade, en particulier, les établissements spécialisés dans la cuisine végétalienne se multiplient, attirant aussi bien les locaux que les touristes curieux de découvrir une nouvelle facette de la gastronomie serbe.
les chefs réinventent les classiques en utilisant des ingrédients locaux et de saison. Par exemple, le goulash serbe, traditionnellement préparé avec du bœuf, est revisité avec des champignons et des lentilles, offrant une alternative savoureuse et nourrissante. Le burek végan, quant à lui, remplace le fromage par un mélange de tofu et d’épinards, conservant ainsi tout le croustillant et la gourmandise du feuilleté emblématique.
les marchés locaux jouent également un rôle clé dans cette transition. De plus en plus de producteurs proposent des alternatives végétales aux produits laitiers et aux viandes, facilitant ainsi l’adoption d’un régime végan sans sacrifier les saveurs authentiques de la cuisine serbe.
L’impact du véganisme sur les traditions culinaires
L’essor du véganisme en Serbie ne se limite pas aux restaurants et aux tendances urbaines. Il influence également la manière dont les familles préparent leurs repas à la maison. De nombreux Serbes, même sans adopter un mode de vie entièrement végétalien, intègrent de plus en plus de recettes végétales dans leur alimentation quotidienne.
les périodes de jeûne religieux, déjà bien ancrées dans la culture orthodoxe serbe, favorisent cette transition. Pendant le Carême orthodoxe, il est courant de consommer des plats sans viande ni produits laitiers, ce qui rapproche naturellement la cuisine serbe du mode de vie végan. Ainsi, des plats comme le prebranac (ragoût de haricots) ou la salade d’aubergines sont déjà des classiques végétaliens sans même avoir besoin d’adaptation.
les grands-mères serbes, gardiennes des traditions culinaires, commencent elles aussi à expérimenter avec des alternatives végétales. Il n’est plus rare de voir un sarma végan sur les tables familiales, prouvant que la gastronomie serbe peut évoluer sans perdre son identité.
Où déguster la cuisine végane en Serbie ?
Pour les amateurs de cuisine végétalienne, la Serbie regorge d’adresses incontournables. Belgrade est sans doute la ville la plus dynamique en matière de restaurants véganes, avec des établissements comme « Mandala », qui propose une cuisine raffinée et créative, ou « Zdravo Ljubavi », réputé pour ses plats faits maison à base de produits biologiques.
novi Sad, deuxième plus grande ville du pays, suit également cette tendance avec des cafés et restaurants proposant des burgers végans, des pâtisseries sans produits d’origine animale et même des versions végétaliennes des célèbres ćevapi. Les festivals gastronomiques commencent aussi à intégrer des stands dédiés à la cuisine végétale, attirant un public toujours plus large.
même dans les petites villes et les zones rurales, l’offre végane se développe. Certains producteurs locaux se spécialisent dans les fromages végétaux et les alternatives à la viande, permettant aux habitants de découvrir de nouvelles saveurs tout en respectant les traditions culinaires du pays.
Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.
