Il existe, quelque part entre les pins noirs et les sommets brumeux, des chemins que le temps a effacés des cartes. Des routes de montagne sinueuses, creusées à la main, abandonnées par les hommes mais pas par les histoires. Dans les Balkans, ces voies oubliées murmurent encore les secrets d’un passé tourmenté, entre légendes, guerres et silences.
Des sentiers taillés à la main dans la roche
Au cœur des montagnes dinariques, entre le Monténégro et la Bosnie-Herzégovine, subsistent des routes étroites, parfois à peine plus larges qu’un âne chargé. Creusées à la dynamite ou à la pioche au début du XXe siècle, elles servaient à relier les villages isolés, transporter du sel, du bois ou des armes.
« Mon grand-père m’a raconté que cette route avait été construite par des prisonniers austro-hongrois pendant la guerre », confie Dario, un habitant de Gacko, en montrant un sentier taillé à flanc de falaise. « Il disait qu’on entendait les coups de marteau résonner dans toute la vallée. »
Ces routes, souvent sans garde-fou, serpentent à plus de 1 500 mètres d’altitude. Certaines traversent encore des ponts de pierre suspendus au-dessus de ravins profonds, où l’écho du vent semble raconter des histoires que personne ne veut vraiment entendre.
Des voies militaires devenues fantômes
Pendant la Seconde Guerre mondiale, les montagnes des Balkans ont été un théâtre stratégique. Les Partisans de Tito, en lutte contre l’occupation nazie, utilisaient ces routes pour se déplacer discrètement entre les vallées. Des centaines de kilomètres de chemins militaires ont été ouverts à la hâte, souvent camouflés entre les sapins et les rochers.
Aujourd’hui, ces routes sont invisibles sur Google Maps. Mais les bergers, les chasseurs et quelques passionnés d’histoire savent encore comment les retrouver.
« On voit encore les traces des pneus des camions soviétiques », explique Marko, un guide de montagne à Pljevlja. « Et parfois, on tombe sur des douilles rouillées ou des morceaux de barbelés. »
Ces itinéraires oubliés sont devenus des couloirs du silence, où seuls les pas du randonneur réveillent les souvenirs enfouis.
Des villages figés dans le temps
En suivant ces routes, on découvre des hameaux abandonnés, figés comme dans une photographie sépia. Des maisons de pierre sans toit, des écoles avec des tableaux noirs encore accrochés, des églises rongées par la mousse.
À Lukomir, le village le plus haut de Bosnie, perché à 1 495 mètres, la route d’accès est impraticable six mois par an. Les anciens racontent que les caravanes de sel passaient par là depuis la côte adriatique jusqu’à Sarajevo.
« Avant, on descendait à pied jusqu’à Konjic pour vendre nos fromages », se souvient Ajša, 82 ans. « Maintenant, plus personne ne vient. Même les jeunes sont partis. »
Ces routes oubliées sont aussi les témoins de l’exode rural qui a vidé les montagnes. Mais elles gardent la mémoire des chants, des danses et des veillées d’autrefois.
Des dangers cachés sous les feuilles
Certaines de ces routes sont plus que des reliques : elles sont dangereuses. En Bosnie, en Croatie ou au Kosovo, de nombreux chemins de montagne traversent encore des zones minées. Des panneaux rouillés, à moitié ensevelis, préviennent parfois : « Ne pas quitter la route – Danger de mines ».
Selon le Centre pour l’action antimines de Bosnie-Herzégovine, plus de 900 km² de territoire restent contaminés. Et les anciennes routes, peu fréquentées, sont rarement déminées.
« On a perdu un chien ici, il y a deux ans », raconte Sanel, un garde forestier près de Foča. « Il a quitté le sentier pour courir après un lièvre. On ne l’a jamais retrouvé. »
Ces dangers invisibles rappellent que le passé des Balkans est encore présent, enfoui sous les feuilles mortes et les pierres moussues.
Une mémoire en train de disparaître
Les anciens qui connaissent ces routes sont de moins en moins nombreux. Avec eux disparaissent les récits oraux, les anecdotes, les légendes. Certains chemins n’ont plus été empruntés depuis des décennies.
« Mon père me montrait une route qui menait à un monastère caché dans la montagne », dit Milena, originaire de Peć au Kosovo. « Je l’ai cherchée pendant des jours. Elle a été avalée par la forêt. »
Des chercheurs locaux tentent aujourd’hui de cartographier ces routes oubliées. Grâce aux images satellites, aux récits des anciens et aux traces sur le terrain, ils reconstituent un réseau complexe de voies de communication que l’histoire avait presque effacé.
Mais le temps presse. Chaque hiver efface un peu plus les pierres, les marques, les souvenirs.
Un trésor pour les explorateurs modernes
Pour quelques aventuriers, ces routes oubliées sont un trésor. Des photographes, des cyclistes ou des passionnés d’histoire viennent parcourir ces chemins perdus, à la recherche d’un fragment de vérité.
En 2022, un groupe d’explorateurs a suivi une ancienne route caravanière entre le Monténégro et l’Albanie. Ils ont mis 12 jours pour parcourir 80 kilomètres, dormant dans des grottes ou chez les rares habitants rencontrés en chemin.
« C’était comme marcher à travers un livre d’histoire vivant », raconte Antoine, un Français installé à Kotor. « On sentait que chaque pierre avait été posée avec effort. »
Ces routes, bien que oubliées, ne demandent qu’à être redécouvertes. Elles offrent une autre lecture des Balkans : loin des clichés, proche de l’essentiel.
Et si, au fond, ces chemins oubliés nous montraient une autre manière de voyager ? Moins rapide, mais plus profonde. Moins visible, mais plus vraie.
Ils attendent peut-être encore quelqu’un pour les écouter.
L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.






Ces routes oubliées racontent des histoires de lutte et d’espoir. C’est un trésor à redécouvrir pour comprendre notre passé et bâtir une mémoire collective.
Ces routes oubliées, c’est un peu comme des mémoires en vrac. Qui aurait cru que les chemins pourraient avoir autant de secrets à raconter ?
Fevza, cet article est une merveille ! J’adore la manière dont tu évoques ces histoires oubliées. Quel trésor à découvrir !
Ces routes oubliées, c’est triste de penser qu’elles disparaissent. Elles auraient tellement d’histoires à raconter. Ça montre qu’on ne sait pas toujours où on va.
Fevza, cet article m’a profondément touché. Chaque route que vous décrivez résonne avec une beauté brute et une histoire inoubliable.
C’est fascinant de voir comment ces chemins oubliés portent encore les histoires du passé. Chaque pas est comme une rencontre avec l’histoire, un trésor à redécouvrir.
Ces routes sont une vraie poésie silencieuse. Elles portent l’histoire sur leurs pierres et nous rappellent d’où nous venons. Ne les oublions pas!
Ces routes oubliées sont un magnifique rappel de notre histoire. Elles nous invitent à explorer notre patrimoine avec curiosité et respect.