Il suffit parfois d’un mot échappé dans la rue pour se sentir à sa place. Un simple « bonjour » murmuré avec un accent inattendu, au cœur d’une ville étrangère, peut éveiller un sentiment d’appartenance insoupçonné. Dans les Balkans, cette sensation est plus fréquente qu’on ne l’imagine. Alors que l’on pense à cette région comme un carrefour de langues slaves, turques ou albanaises, certaines villes réservent une surprise douce et familière : on y parle français. Et souvent, on s’y sent vite chez soi.
Sarajevo, la mémoire francophone de Bosnie
Perchée entre montagnes et rivières, Sarajevo est une ville au passé complexe, mais au charme indéniable. Ce qui frappe, au-delà de ses mosquées ottomanes et de ses églises austro-hongroises, c’est l’attachement discret de ses habitants à la langue française.
« À l’école, on avait le choix entre l’allemand, l’anglais et le français. J’ai choisi le français parce que ma grand-mère me parlait souvent de Paris », confie Lejla, 34 ans, professeure de littérature.
Dans les années 1960 et 1970, la Bosnie faisait partie de la Yougoslavie, un État non-aligné qui entretenait des relations étroites avec la France. Des milliers d’étudiants bosniens sont partis étudier à Lyon, Montpellier ou Toulouse. Aujourd’hui encore, cette mémoire collective se transmet.
On croise des librairies francophones, des cafés où l’on diffuse du Brel ou du Gainsbourg, et même une Alliance française très active. En 2023, plus de 1 200 personnes y ont suivi des cours de français.
Skopje, une capitale qui se francise doucement
La capitale de la Macédoine du Nord n’est pas la première ville à laquelle on pense lorsqu’on évoque la francophonie. Pourtant, Skopje surprend. Dans les couloirs de l’université Saints-Cyrille-et-Méthode, le département de langue française attire de plus en plus d’étudiants.
« Le français, c’est la langue de la diplomatie, de la culture, mais aussi de l’opportunité », explique Nikola, 22 ans, qui rêve de travailler à Bruxelles.
La Macédoine du Nord est membre de l’Organisation internationale de la Francophonie depuis 2006. Le gouvernement soutient activement l’enseignement du français, notamment à travers des écoles bilingues et des échanges universitaires.
Dans les rues de Skopje, on trouve des panneaux bilingues, des cafés aux noms français, et une population jeune qui n’hésite pas à engager la conversation dans la langue de Molière.
Plovdiv, la perle bulgare francophile
Plovdiv est la plus vieille ville habitée d’Europe, plus ancienne encore qu’Athènes ou Rome. Mais derrière ses ruines romaines et ses maisons colorées du XIXe siècle, elle cache une passion étonnante pour la langue française.
« Ma mère enseignait le français, et mon père était traducteur. Chez nous, on ne regardait que TV5 Monde », sourit Elena, 45 ans, propriétaire d’une galerie d’art.
La Bulgarie a longtemps été francophile. Dès le XIXe siècle, la bourgeoisie bulgare envoyait ses enfants étudier à Paris ou Lausanne. Cette tradition s’est perpétuée, et aujourd’hui encore, Plovdiv compte plusieurs lycées francophones, une Alliance française dynamique, et un festival annuel du film francophone qui attire des milliers de spectateurs.
En 2022, plus de 35 000 Bulgares étudiaient le français, un chiffre en constante augmentation selon l’Institut français.
Timișoara, le carrefour roumain des cultures
Située à l’ouest de la Roumanie, Timișoara est une ville multiculturelle par essence. Roumains, Hongrois, Serbes, Allemands… tous y cohabitent depuis des siècles. Le français, lui, y occupe une place particulière.
« Ici, on aime les langues. Le français fait partie de notre héritage intellectuel », explique Andrei, enseignant en lycée bilingue.
Timișoara fut l’une des premières villes roumaines à accueillir une Alliance française, en 1990, juste après la chute du régime communiste. Depuis, la ville a multiplié les initiatives francophones : festivals, cafés littéraires, échanges scolaires.
La Roumanie est l’un des pays les plus francophones d’Europe de l’Est. Environ 25 % de la population a des notions de français, et plus de 4 000 enseignants le pratiquent dans les établissements scolaires du pays.
Dans les rues pavées de Timișoara, il n’est pas rare d’entendre un « merci » glissé entre deux phrases roumaines.
Novi Sad, le secret bien gardé de Serbie
À première vue, Novi Sad ressemble à une paisible ville serbe, posée sur les rives du Danube. Mais en y regardant de plus près, on découvre une scène culturelle étonnamment francophile.
« J’ai appris le français grâce à ma passion pour le cinéma. Les films de Truffaut ont changé ma vie », raconte Jelena, étudiante en arts visuels.
La ville accueille chaque année un festival de théâtre francophone, et l’université de Novi Sad propose un cursus complet en langue et littérature françaises. En 2021, près de 800 étudiants y étaient inscrits.
La Serbie, bien qu’en dehors de l’Union européenne, a toujours entretenu une relation particulière avec la France. Pendant la Première Guerre mondiale, les deux pays étaient alliés, et cette fraternité s’est prolongée au fil des décennies.
Aujourd’hui, Novi Sad est un havre discret pour les francophones en quête de douceur de vivre, de culture et de rencontres inattendues.
Une francophonie discrète mais vivante
Ces cinq villes ne figurent pas toujours sur les cartes touristiques classiques. Pourtant, elles offrent une expérience unique : celle d’un ailleurs où l’on se sent soudainement moins étranger.
Le français y est parfois langue maternelle, souvent langue d’étude, toujours langue de cœur. On le parle avec un accent charmant, on le glisse dans les conversations avec fierté, on le chérit comme un lien vers une culture rêvée ou vécue.
Alors que les Balkans continuent de se réinventer, cette francophonie discrète pourrait bien devenir un pont inattendu entre l’Est et l’Ouest, entre mémoire et modernité.
Et si le prochain endroit où vous vous sentirez chez vous n’était pas Paris, mais Sarajevo ou Plovdiv ?
L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.






C’est beau de voir comment la francophonie unit des cultures différentes. Ces villes des Balkans ont une richesse insoupçonnée à partager.
C’est fou comme ces villes des Balkans, souvent oubliées, débordent de culture francophone. Prêt à faire mon valise pour Sarajevo ?
Fevza, j’ai adoré cette plongée dans la francophonie des Balkans ! Ces villes méritent vraiment d’être découvertes. Bravo pour cet article inspirant !
C’est bien beau tout ça, mais le français dans les Balkans, ça reste un peu exotique quand même. Pas si sûr que ça soit si accueillant.
Fevza, cet article me touche profondément. La francophonie des Balkans révèle une richesse culturelle fascinante, à découvrir sans modération.
C’est fou comme ces villes des Balkans cachent un trésor francophone ! J’adore l’idée que la langue puisse créer des liens si forts.