Nichées dans les flancs rocheux de la Serbie centrale, des habitations sculptées à même la pierre défient le temps. Invisibles depuis la route, elles semblent surgir d’un autre monde, suspendues entre l’histoire et l’oubli. Pourtant, ces maisons troglodytes ne sont pas des vestiges figés : certaines sont encore habitées. Un mode de vie ancestral y perdure, à l’abri du tumulte moderne.
Un héritage millénaire creusé dans la roche
Les premières traces de maisons troglodytes en Serbie remontent à l’Antiquité. Dans la région de Stari Ras ou près de la rivière Resava, des communautés vivaient déjà dans ces cavités naturelles, élargies à la main. À l’époque byzantine, elles servaient parfois de refuges aux moines ou aux ermites, fuyant les invasions.
Mais c’est surtout au XIXe siècle que ces habitats se multiplient, notamment dans les régions de Pirot, Negotin ou Zaječar. Les paysans les creusent dans les falaises de tuf, une roche volcanique tendre et isolante. Le résultat : des maisons fraîches en été, tempérées en hiver, et économes en énergie. Une architecture écologique avant l’heure.
« Mon arrière-grand-père est né ici, dans cette même pièce creusée dans la colline », raconte Dragana, 62 ans, qui vit toujours dans une maison troglodyte à proximité de Rajac. « On n’a jamais eu besoin de climatisation. »
Un mode de vie discret, mais bien vivant
Si beaucoup de ces habitations ont été abandonnées au fil du XXe siècle, quelques dizaines sont encore occupées. Dans certains villages, comme dans les hameaux autour de Knjaževac, on croise encore des cheminées fumantes émergeant de la roche. Les habitants y vivent de manière simple, souvent en autonomie partielle.
Sans antennes, sans panneaux solaires apparents, ces maisons semblent coupées du monde. Pourtant, certaines sont connectées à l’électricité, à l’eau courante, et même à Internet. Le contraste est saisissant entre la rudesse de la pierre et les signes discrets de modernité.
« J’ai Netflix et un poêle à bois », sourit Jovica, 38 ans, qui a restauré une maison troglodyte familiale. « Le matin, je me réveille avec les oiseaux, pas avec les klaxons. »
Ce retour à l’essentiel attire aussi les citadins lassés du stress urbain. Certains viennent y passer les week-ends, d’autres s’y installent pour de bon, dans une quête de sens et de lenteur.
Une architecture qui défie le temps
Construire une maison troglodyte demande du temps, de la patience et une connaissance intime de la roche. Chaque cavité est unique, adaptée à la forme du relief. Les pièces sont souvent en enfilade, avec de petites ouvertures pour laisser passer la lumière.
Les murs, épais de plus d’un mètre, offrent une isolation naturelle exceptionnelle. L’humidité est régulée par des conduits d’aération creusés à la verticale. Certaines maisons disposent même de caves profondes, utilisées pour conserver le vin ou le fromage.
« C’est une forme d’architecture organique, qui épouse la nature au lieu de la dominer », explique Nikola Vuković, architecte spécialisé en patrimoine vernaculaire. « Et c’est probablement ce qui la rend si durable. »
Dans les villages de Rogljevo et Rajac, célèbres pour leurs caves troglodytiques, certains bâtiments ont plus de 200 ans et sont toujours utilisés pour la vinification.
Un patrimoine en danger
Malgré leur valeur historique et écologique, ces habitations sont souvent négligées. Faute d’entretien ou de reconnaissance officielle, beaucoup tombent en ruine. L’exode rural a vidé les campagnes serbes : entre 2002 et 2022, certaines régions ont perdu jusqu’à 30 % de leur population.
« Mes voisins sont partis à Belgrade, leurs maisons sont vides depuis dix ans », confie Milena, 74 ans, seule habitante d’un hameau troglodyte près de Negotin. « Les ronces ont envahi les chemins. »
L’absence de protection juridique empêche parfois les restaurations. Les matériaux traditionnels sont rares, et les savoir-faire se perdent. Pourtant, des initiatives locales émergent pour sauvegarder ce patrimoine discret. Des associations proposent des stages de rénovation ou organisent des visites guidées.
En 2021, un projet européen a permis de cartographier plus de 150 maisons troglodytes dans l’est de la Serbie, dans le but de les classer comme patrimoine culturel immatériel.
Des lieux qui inspirent les artistes et les rêveurs
Ce décor hors du temps attire aussi les artistes, les photographes et les écrivains. Certains y trouvent une source d’inspiration inépuisable. D’autres y voient un refuge, un espace de création loin du bruit du monde.
En 2019, un collectif de peintres belgradois a transformé une maison troglodyte abandonnée en résidence d’artistes. Le lieu, baptisé « Kuća Tišine » — la Maison du Silence — accueille désormais des expositions et des concerts intimistes.
« Ici, on entend le silence, on le ressent », témoigne Jelena, poétesse et résidente du lieu. « La roche nous rappelle que le temps n’est pas linéaire. »
Même les touristes les plus sceptiques repartent souvent bouleversés. Certains parlent d’une sensation de paix, d’autres d’un retour aux origines.
Un futur à réinventer dans la pierre
Face aux défis climatiques et aux crises énergétiques, ces habitats troglodytes suscitent un regain d’intérêt. Leur sobriété, leur faible empreinte carbone, et leur capacité à s’intégrer dans l’environnement les placent au cœur des réflexions sur l’habitat durable.
Des architectes contemporains s’en inspirent pour concevoir des maisons semi-enterrées ou à faible impact. En Serbie, quelques projets pilotes cherchent à réhabiliter ces logements en respectant leur esprit, tout en les adaptant aux besoins actuels.
Mais le plus grand défi reste humain : comment redonner vie à ces lieux sans les dénaturer ? Comment concilier mémoire et modernité ? Et surtout, comment transmettre ce savoir-faire avant qu’il ne disparaisse ?
« Vivre dans la roche, c’est écouter la terre », murmure Dragana en caressant la paroi de sa maison. « Et peut-être qu’un jour, la terre nous parlera à nouveau. »
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L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.






Ces maisons troglodytes sont impressionnantes. Elles nous rappellent l’importance de préserver notre patrimoine et de reconnecter avec nos racines.
Ces maisons troglodytes, c’est comme un retour à l’essentiel. Qui aurait cru que vivre dans la roche pouvait être si moderne ?!
Fevza, cet article sur les maisons troglodytes est fascinant ! L’alliance de la nature et de l’habitat durable est inspirante. Bravo pour cette découverte !
Ces maisons troglodytes sont fascinantes mais les négliger, c’est dommage. Qui voudrait vivre dans des ruines, vraiment ?
Fevza, cet article est une belle invitation à redécouvrir un patrimoine vivant, témoin d’une architecture qui unit l’homme à la nature.
C’est fascinant de voir comment ces maisons troglodytes mélangent histoire et modernité. La nature reprend ses droits, et ça, j’adore !
Ces maisons troglodytes sont fascinantes. Un vrai trésor de notre histoire! J’espère qu’on saura les préserver pour les futures générations.