Au sommet d’une colline oubliée du nord de la Bulgarie, un bloc de granit de plusieurs tonnes semble défier les lois de la physique. Chaque année, il pivote. À peine perceptible à l’œil nu, ce mouvement régulier intrigue les habitants depuis des générations. Aucun tremblement de terre, aucune intervention humaine. Juste un rocher, qui tourne. Lentement. Inexorablement.
Le rocher de Belintash : un mystère enraciné dans la pierre
Dans la région montagneuse des Rhodopes, à quelques kilomètres du village de Sini Vrah, se dresse le plateau de Belintash. C’est là que repose ce bloc de granit, haut de trois mètres, large de deux, et pesant près de 12 tonnes. Les anciens l’appellent simplement « la Pierre Vivante ».
Depuis plus d’un siècle, des bergers, des randonneurs et des géologues locaux affirment que la pierre change subtilement d’orientation. « Mon grand-père m’en parlait déjà quand j’étais enfant », raconte Nikola Dobrev, aujourd’hui âgé de 82 ans. « Il disait que la pierre montrait le temps qui passe, comme une horloge oubliée des hommes. »
En 1921, un professeur de Sofia, Petar Vassilev, aurait été le premier à documenter le phénomène. À l’aide d’un simple compas et de repères gravés dans le sol, il nota un écart d’un demi-degré dans l’axe du rocher sur une période de dix ans. Depuis, plusieurs expéditions ont tenté de comprendre ce mouvement discret mais constant.
Un mouvement imperceptible… mais mesurable
En 2011, une équipe de géophysiciens de l’Université de Plovdiv installa des capteurs GPS de haute précision autour du rocher. Après cinq années de surveillance continue, les résultats furent publiés dans un rapport confidentiel : le rocher pivote de 0,04 degré par an, soit environ 2,3 degrés depuis un siècle.
« Ce n’est pas un glissement, ni une inclinaison », explique le professeur Elena Markova, qui dirigeait l’étude. « C’est une véritable rotation sur son axe vertical, comme si une force invisible le poussait lentement à tourner. »
Ce mouvement, bien que minime, est statistiquement significatif. Il n’est pas aléatoire, ni lié aux cycles saisonniers. Et surtout, il ne s’explique pas par l’érosion, le vent ou les tremblements de terre, qui sont rares dans cette région.
Hypothèses scientifiques : de la géologie à l’astronomie
Plusieurs théories ont été avancées pour expliquer ce phénomène. La plus répandue évoque une instabilité géologique sous-jacente. Selon cette hypothèse, le rocher reposerait sur une base légèrement concave, combinée à une pente presque imperceptible. Sous l’effet de la gravité et de la fonte des neiges, il glisserait lentement, tout en pivotant.
Mais cette explication ne convainc pas tout le monde. « Le socle du rocher est étonnamment stable », affirme l’ingénieur géologue Ivan Petrov. « Nous avons effectué des relevés souterrains. Il n’y a pas de faille, pas de cavité, rien qui puisse justifier un tel mouvement. »
Une autre théorie, plus audacieuse, lie le mouvement du rocher à des forces astronomiques. Certains chercheurs évoquent les effets combinés de la précession terrestre et des marées gravitationnelles lunaires, qui pourraient exercer une pression infime mais constante sur certaines formations rocheuses.
« Ce serait comme une horloge cosmique », suggère Markova. « Une interaction entre la Terre et la Lune, imperceptible à l’échelle humaine, mais suffisante pour déplacer une masse de plusieurs tonnes sur un siècle. »
Les légendes locales : entre dieux anciens et énergies invisibles
Pour les habitants de Sini Vrah, le mystère dépasse la science. Depuis des générations, le rocher est entouré de récits étranges. Certains parlent d’un ancien sanctuaire thrace, dédié à un dieu solaire oublié. D’autres évoquent une pierre tombée du ciel, chargée d’une énergie inconnue.
« Ma grand-mère disait qu’il fallait éviter de dormir près du rocher », confie Milena, une habitante du village. « Elle prétendait qu’il murmurait la nuit, et que ceux qui l’écoutaient perdaient la notion du temps. »
Des radiesthésistes et des amateurs d’ésotérisme viennent régulièrement sur le site. Ils affirment ressentir des vibrations, des champs électromagnétiques inhabituels, ou même des visions. En 2017, une vidéo devenue virale montrait une boussole tourner sur elle-même à proximité du rocher. L’authenticité de la séquence n’a jamais été prouvée.
Un site surveillé mais discret
Malgré l’intérêt croissant, le site reste peu connu du grand public. Aucune indication touristique, pas de sentier balisé, ni de panneau explicatif. L’accès se fait à pied, en suivant un chemin de chèvres à travers la forêt.
« Nous avons volontairement limité l’accès », explique un garde forestier local. « Ce n’est pas un lieu de promenade. C’est un lieu ancien, fragile. Il faut le respecter. »
Depuis 2020, le ministère bulgare de la Culture a placé la zone sous surveillance discrète. Des caméras solaires ont été installées, et des drones survolent régulièrement le site. Officiellement, il s’agit de prévenir le vandalisme. Mais certains y voient une volonté de cacher des découvertes plus sensibles.
« Il y a des choses qu’on ne comprend pas encore », admet une source anonyme proche du dossier. « Et peut-être qu’il vaut mieux ne pas tout expliquer trop vite. »
Un symbole du temps qui passe… ou d’un monde encore inconnu ?
Chaque année, le rocher de Belintash pivote d’un souffle. Un mouvement presque imperceptible, mais qui dure depuis un siècle. Il ne fait pas de bruit. Il ne prévient pas. Il tourne.
Pourquoi ? Comment ? Personne ne le sait vraiment. Peut-être n’est-ce qu’un caprice de la nature. Ou peut-être un indice, laissé là depuis des millénaires, pour ceux qui savent encore regarder.
Et si ce rocher n’était pas seulement une pierre ? Et si, au fond, il nous rappelait que même les choses les plus immobiles peuvent changer… lentement, mais sûrement ?
Il reste là, silencieux, mais en mouvement. Et nous, que sommes-nous prêts à voir bouger dans ce que nous croyons figé ?
L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.
Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.
Ce rocher est vraiment fascinant. Son mouvement discret nous rappelle que même les choses figées peuvent changer avec le temps. C’est un vrai mystère à explorer.
Ce rocher qui tourne est tellement fascinant ! Qui aurait cru que la nature avait un sens du spectacle si subtil ?