Un village croate refuse l’installation de la 4G… pour une raison surprenante

Il y a des endroits en Europe où le temps semble s’être arrêté. Des villages nichés entre mer et montagne, où les traditions résistent aux assauts du progrès. Mais parfois, ce n’est pas la nostalgie qui freine la modernité. Parfois, c’est une inquiétude bien plus inattendue.

Dans un petit village croate de moins de 200 habitants, perché sur les hauteurs de la Dalmatie, les habitants ont dit non à la 4G. Pas par peur du changement. Ni par rejet de la technologie. Leur raison est bien plus singulière, presque déroutante.

Un refus collectif… et unanime

Cela s’est passé lors d’une réunion municipale, dans la salle communale de Krčulići, un hameau discret à l’écart du monde. La société de télécommunications nationale proposait d’installer une antenne-relais sur la colline voisine. Une formalité, pensaient-ils. Mais les habitants ont voté contre, à une écrasante majorité : 94 % de « non ».

« Ce n’est pas contre la technologie. Nous avons tous des téléphones portables », explique Marija Janković, 62 ans, institutrice à la retraite. « Mais ici, il y a quelque chose qu’on ne veut pas perdre. Quelque chose qu’on ne peut pas expliquer avec des antennes. »

Le maire, Luka Perović, confirme : « Ce n’est pas une décision prise à la légère. Nous savons ce que nous refusons, et surtout pourquoi. »

Des phénomènes étranges depuis des années

Depuis plusieurs décennies, Krčulići est le théâtre de ce que les habitants appellent pudiquement des « bizarreries ». Des montres qui s’arrêtent, des téléphones qui s’éteignent sans raison, des animaux qui évitent certaines zones, et surtout… un silence inhabituel.

« Il n’y a pas de bruit électromagnétique ici. C’est comme si l’air était plus pur », raconte Ivan, 34 ans, apiculteur. « Mes abeilles se comportent différemment ici que dans les autres villages. Elles sont plus calmes. »

Certains évoquent même des sensations physiques : maux de tête qui disparaissent en entrant dans le village, sommeil plus profond, rêves plus vifs.

Et puis, il y a cette légende locale, transmise depuis des générations : celle d’un « cercle de pierre invisible », une zone protégée, où les ondes seraient naturellement bloquées.

Une anomalie scientifique ?

Des chercheurs de l’université de Zagreb se sont penchés sur le cas de Krčulići. En 2022, une équipe de géophysiciens a mené des relevés électromagnétiques dans la région. Les résultats ont surpris.

« Nous avons mesuré une atténuation significative des signaux radio dans un périmètre de 3 kilomètres autour du village », explique le professeur Dario Milinović. « Ce n’est pas une zone blanche classique. Il y a une forme d’interférence naturelle que nous ne comprenons pas encore. »

Les premières hypothèses évoquent une composition particulière du sous-sol, riche en roches ferrugineuses, ou une structure géologique qui ferait écran aux ondes.

Mais cela n’explique pas tout. « Même les signaux satellites sont affaiblis. C’est très inhabituel », ajoute le chercheur.

Un tourisme du silence

Ironiquement, ce refus de la 4G attire aujourd’hui une nouvelle forme de visiteurs : les « digital detox ». Chaque été, des dizaines de voyageurs viennent à Krčulići pour se couper du monde, sans avoir à éteindre leur téléphone.

« C’est comme entrer dans une bulle », confie Anja, une touriste slovène venue passer une semaine dans une maison d’hôtes. « Mon téléphone ne capte rien. Et pourtant, je me sens plus connectée à moi-même. »

Les habitants ont compris l’aubaine. Plusieurs familles ont rénové des maisons anciennes pour accueillir ces voyageurs du silence. Pas d’Internet, pas de télévision. Juste la mer au loin, les cigales, et un calme presque surnaturel.

« On ne cherche pas à devenir une attraction. Mais si les gens viennent ici pour se reposer, on les accueille avec plaisir », sourit le maire.

Une peur ancienne des ondes ?

Mais derrière ce choix collectif se cache aussi une inquiétude plus profonde. Celle d’un monde saturé d’ondes, d’écrans, de connexions permanentes.

« J’ai vu des enfants qui ne lèvent plus les yeux de leur téléphone », déplore Marija. « Ici, les enfants jouent encore dehors. Ils grimpent aux arbres. Ils regardent les étoiles. »

Certains habitants parlent même d’effets ressentis lorsqu’ils quittent le village. Fatigue, irritabilité, insomnies. « Quand je vais à Split, je sens tout de suite la différence. C’est comme un bourdonnement dans la tête », décrit Luka, 41 ans, éleveur de chèvres.

Des sensations difficiles à prouver scientifiquement, mais partagées par plusieurs résidents.

Une enclave hors du temps

Krčulići n’est pas totalement coupé du monde. Il y a l’électricité, une école, un petit supermarché. Mais les habitants ont choisi leur rythme, leur silence, leur mystère.

Ils savent que tôt ou tard, la pression reviendra. Que l’État pourrait imposer l’installation d’une antenne, au nom de l’intérêt général.

Mais pour l’instant, ils résistent. Non pas par peur du progrès, mais par attachement à une expérience rare : celle d’un lieu où le monde moderne semble s’arrêter à la lisière des collines.

Et si ce village avait trouvé, sans le vouloir, une forme de sagesse que nous avons perdue ?

Ils vivent sans 4G, mais avec une intensité différente. Et si c’était ça, le vrai luxe du XXIe siècle ?

Il reste une question en suspens : dans un monde de plus en plus connecté, est-il encore possible de choisir la déconnexion sans disparaître ?

L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

Fevza Kelmendi

Originaire de Pristina, Fevza est une experte en géopolitique ayant travaillé avec plusieurs ONG internationales. Son expertise dans les relations internationales et les enjeux migratoires offre une perspective unique sur les dynamiques transfrontalières des Balkans.