Ces villages où l’on parle encore des dialectes oubliés

Ces villages où l’on parle encore des dialectes oubliés

Un matin d’automne, dans une ruelle pavée d’un hameau reculé, une vieille femme échange quelques mots avec son voisin. À l’oreille d’un passant, leur conversation pourrait paraître incompréhensible. Ce n’est pourtant ni une langue étrangère, ni un charabia. C’est un dialecte ancestral, transmis de génération en génération, que l’on pensait disparu. Pourtant, dans certains villages de France, ces mots oubliés résonnent encore.

Des langues enracinées dans les pierres

Dans le petit village de Saurat, niché dans les montagnes ariégeoises, on entend encore parfois le languedocien. Ce dialecte occitan, autrefois parlé dans tout le sud de la France, survit ici dans les discussions du marché ou les veillées entre anciens.

« Mon grand-père ne parlait que ça jusqu’à ses quinze ans », raconte Mireille, 68 ans, en arrangeant des confitures sur son étal. « Et moi, je l’ai appris en cachette, parce qu’à l’école, on nous disait que c’était interdit. »

Jusqu’au milieu du XXe siècle, la République française a imposé une politique de francisation stricte. Les enfants surpris à parler breton, basque ou occitan à l’école étaient punis. Des générations entières ont ainsi été contraintes de taire leur langue maternelle.

Mais dans l’intimité des foyers, certaines familles ont continué à transmettre ces dialectes comme un trésor secret.

Le murmure du gallo dans les campagnes bretonnes

À quelques centaines de kilomètres au nord-ouest, dans les terres intérieures de la Bretagne, un autre dialecte lutte pour survivre : le gallo.

Contrairement au breton, langue celtique venue de Grande-Bretagne, le gallo est issu du latin, tout comme le français. Il était parlé dans l’est de la Bretagne, dans les fermes, les marchés et les foires.

« Quand j’étais petit, tout le monde parlait gallo ici », se souvient Jean-Yves, 82 ans, ancien agriculteur de la région de Fougères. « On disait pas ‘bonjour’, on disait ‘bonjou’. »

Aujourd’hui, le gallo est classé comme langue en danger par l’UNESCO. On estime qu’il reste moins de 30 000 locuteurs actifs.

Pourtant, dans certaines communes, des ateliers de transmission ont vu le jour. Des conteurs animent des soirées en gallo, et des écoles primaires proposent des initiations. Une manière de faire revivre une langue qui semblait vouée à l’oubli.

L’écho du francoprovençal dans les Alpes

Dans les vallées alpines, entre la Savoie, le Dauphiné et le Val d’Aoste en Italie, un autre dialecte résiste : le francoprovençal.

« Chez nous, on appelle ça le patois », explique Lucien, 75 ans, habitant de Saint-Jean-de-Maurienne. « C’est pas du français, c’est pas de l’italien, c’est notre langue à nous. »

Le francoprovençal, ou arpitan, mêle des influences latines, françaises et italiennes. Il était autrefois parlé sur un vaste territoire s’étendant de Lyon à Genève, jusqu’à la Vallée d’Aoste.

Aujourd’hui, seuls quelques milliers de personnes le parlent encore, souvent des personnes âgées. Pourtant, des passionnés tentent de le sauver : dictionnaires, enregistrements audio, pièces de théâtre locales… La mémoire linguistique se reconstruit, pierre par pierre.

En 2021, une étude de l’Université de Lausanne a révélé que près de 60% des jeunes de certaines communes suisses n’avaient jamais entendu parler d’arpitan. Un chiffre qui alarme les linguistes.

Le basque, un miracle de résilience

Contrairement à d’autres dialectes, le basque n’a jamais été une langue latine. Ses origines restent mystérieuses. C’est l’une des plus vieilles langues d’Europe, peut-être même antérieure à l’arrivée des Celtes.

Dans les villages du Pays basque, entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port, l’euskara est toujours bien vivant.

« Ici, on parle basque à la maison, à l’école, même au supermarché », affirme Maialen, 34 ans, institutrice à Hasparren. « C’est plus qu’une langue, c’est une identité. »

Grâce à un réseau d’écoles immersives — les ikastolak — et à une forte mobilisation locale, le basque a connu un véritable renouveau depuis les années 1980. On estime qu’en France, environ 50 000 personnes le parlent couramment, et près de 30 000 enfants l’apprennent à l’école.

Une exception dans un paysage linguistique où la plupart des dialectes s’éteignent lentement.

Quand les jeunes s’en mêlent

Dans certains villages, ce sont les jeunes qui relancent la flamme. À Olmeta-di-Tuda, en Haute-Corse, un groupe d’adolescents a créé une chaîne YouTube où ils parlent corse en racontant des anecdotes locales.

« On voulait montrer que le corse, c’est pas juste pour les vieux », explique Ghjuvan, 17 ans. « C’est notre langue, notre façon de dire le monde. »

Le corse, comme le basque, connaît un regain d’intérêt. En 2023, plus de 10 000 élèves suivaient des cours de langue corse dans l’académie de Corse. Des radios, des journaux et même des séries télévisées locales participent à cette renaissance.

Dans d’autres régions, des festivals de langues régionales attirent chaque année des milliers de visiteurs. À Rodez, le festival Estivada célèbre l’occitan sous toutes ses formes : musique, théâtre, poésie.

Un mouvement culturel qui redonne une place à ces voix oubliées.

Une mémoire fragile, suspendue aux lèvres des derniers locuteurs

Mais malgré ces efforts, la menace reste bien réelle. Selon l’UNESCO, plus de 25 langues et dialectes sont en danger en France. Certains, comme le picard ou le poitevin-saintongeais, ne sont plus parlés que par quelques centaines de personnes.

« Ce qu’on perd avec ces langues, ce n’est pas seulement des mots, c’est une façon de voir le monde », affirme Léa Marchand, linguiste à l’Université de Strasbourg. « Les dialectes portent des savoirs, des histoires, des émotions qu’on ne peut pas traduire. »

Dans le village de Saintonge, une vieille femme s’assoit sur un banc et murmure une comptine à son arrière-petite-fille. Elle la chante dans un dialecte que presque plus personne ne comprend. Mais l’enfant écoute, fascinée. Peut-être qu’elle se souviendra de ces mots. Peut-être qu’elle les répétera un jour.

Et si, au fond, ces dialectes oubliés n’avaient jamais cessé de vivre, simplement endormis, attendant qu’on les réveille ?

Il est encore temps de tendre l’oreille.

L’auteur a utilisé l’intelligence artificielle pour approfondir cet article.

5 commentaires sur “Ces villages où l’on parle encore des dialectes oubliés

  1. Il est essentiel de préserver ces dialectes. Ils racontent nos histoires et notre identité. Éveillons-les avant qu’il ne soit trop tard.

  2. C’est fou comme ces langues oubliées peuvent encore résonner. On dirait des super-pouvoirs cachés dans des mots !

  3. Fevza, cet article révèle avec justesse la beauté des langues régionales. Elles sont un trésor à préserver, tout comme les innovations technologiques !

  4. Les dialectes, c’est beau, mais pourquoi en parle-t-on si peu ? Trop de langues s’éteignent et c’est triste… On doit les protéger !

  5. Fevza, cet article réveille en moi un écho de nostalgie. Les dialectes sont de véritables trésors culturels à préserver.

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